« FIERO » DU QUINTETO BATARAZ PAR LEONARDO TERUGGI



« FIERO » DU QUINTETO BATARAZ PAR LEONARDO TERUGGI
FR-ESP


Le nouveau folklore de chambre de Lisandro Baum


Pouvoir laisser une empreinte esthétique nette et reconnaissable dans le vaste et créatif panorama de la scène musicale argentine n’est pas donné à tout le monde. Dans le vivier de talents et de groupes qui ont émergé des univers du tango, du jazz et du folklore actuels, la voix du Quinteto Bataraz –issue de cette triple confluence- résonne avec une sereine autorité.

S’emparant sous l’angle folklorique du mythique format de quintette de tango (anobli par Astor Piazzolla, Horacio Salgán ou plus récemment Diego Schissi) le Quinteto Bataraz nous enrichit avec son folklore de chambre moderne, posé et érudit, confirmant ainsi les espoirs que nous avait suscité son premier album éponyme en 2014.

« Fiero » est malgré son titre (féroce) un monde sonore élégant et fluide, fait de rythmiques et de mélodies souples, modernisées grâce à une orchestration raffinée qui parvient à créer un surprenant équilibre avec son centre de gravité résolument folklorique.

Trois zambas, deux chacareras (ou presque), un gato, une chaya et un tango.
Cinq arrangements d’œuvres d’artistes emblématiques du folklore (Raúl Carnota, Hilda Herrera, Eduardo "Negrín" Andrade) et trois compositions contrastées de Lisandro Baum, où apparaissent sous de multiples perspectives les réflexions et principaux axes de la recherche continue du Quinteto Bataraz.

Un retour assumé vers la mélodie –parfois ample et d’autres fois minutieuse- qui contraste avec la tendance actuelle de rénovation du genre populaire par l’utilisation systématique de cellules de développement comme matière principale du processus de composition.

Une orchestration précise et efficace qui souligne les dites mélodies en fondant les timbres et harmonisations, recherchant des couleurs propres et une élégance thématique, créant ainsi une clarté et une signature unique.

Un langage rythmique efficace et organique, fait de subtiles trames où le rôle des basses et des rasgueos soulignent les accentuations caractéristiques sans jamais tomber dans d’inutiles ostinatos, obtenant ainsi une délicate densité.

Un travail soigné de l’articulation thématique folklorique et une accentuation puissante sans jamais être omnipotente ou pesante. Le thème “Batango” se démarque sous cet aspect en installant un langage tanguero précis sans être surjoué.

Une influence du jazz dans certains choix harmoniques (comme dans la composition “No Da”) et dans les présentations de caractère improvisé de certains solos (comme ceux de guitare et de violon dans “Chaya Embrujada”) qui donnent une patine moderne a la sonorité de l’ensemble.

Une gestion subtile de l’espace grâce à des lignes amples et élégantes, une respiration qui traverse tout le répertoire en lui conférant une profondeur caractéristique, dépeignant plateaux et horizons, intimes et vastes à la fois.

Un délicat contrôle des nuances –autant dans l’articulation thématique que dans les longs crescendos- et une sensation générale de confort d’interprétation très agréable.

Une recherche formelle qui tente quelque fois d’étirer et d’amplifier la forme courte au moyen de dialogues au caractère improvisé ou de longues et évolutives progressions soutenues par de profondes narrations d’instruments solistes.

Des dialogues quasi borgiens avec les compositeurs qui habitent leur imaginaire (Variations Goldberg de Bach dans « No Da », Tableaux d’une exposition de Moussorgsky dans « Batango », réminiscences de Ravel dans les parallélismes harmoniques typiques de l’écriture du quintette comme par exemple dans la « Zamba del Fiero »).

Je veux en plus de cette brève description des multiples richesse de cet album, souligner le travail des interprètes - Sebastián Henríquez a la guitare, Matías Gobbo au bandoneon, Carolina Cajal à la contrebasse, Pablo Farhat au violon et Lisandro Baum au piano- qui obtiennent une cohésion et une pâte instrumentale surprenante sans laquelle aucune musique élaborée naissant du souffle populaire –même très bien écrite- ne peut jamais décoller.

Pour changer une musique il faut très bien la connaître.
Pour créer un univers aussi bien équilibré entre une énergie populaire et une écriture de tradition classique il faut en plus des qualités évidentes d’arrangeur et de compositeur de Lisandro Baum, une profonde capacité de réflexion indispensable en cette époque de saine régénération et de syncrétisme musical : l’intelligence s’écoute.

Les ingrédients pour la bonne musique sont en théorie simples mais ils se trouvent rarement réunis avec autant d’évidence : un grand créateur et un groupe qui croit en sa voix et la défend contre vents et marées.
Peu de gens mesurent, je pense, l’immense effort collectif nécessaire pour que des ensembles authentiques et personnels comme celui-ci puissent survivre en défendant une logique d’autoproduction face à une industrie musicale dictée par les profits et les algorithmes. Et même si je me méfie des récompenses et autres prix musicaux je dois dire que j’ai été ravi il y a quelques semaines quand le Quinteto Bataraz a été nominé au Grammy du meilleur arrangement pour le thème « Batango » de cet album.
Sans le vouloir j’ai pensé à David face à Goliath, j’ai pensé à la densité musicale du projectile, je me suis rendu compte que Fiero était finalement féroce et que, presque sans montrer ses griffes, il irait loin.

LINKS QUINTETO BATARAZ:
https://www.youtube.com/watch?v=TjEdkHIYzD0
https://open.spotify.com/album/2jpS9pWiKQVpUQDrbIbPku
http://quintetobataraz.com.ar



LINKS LEONARDO TERUGGI:
http://www.leonardoteruggi.com
https://www.youtube.com/watch?v=iHqXZQ35BAA&feature=youtu.be


« FIERO » DEL QUINTETO BATARAZ POR LEONARDO TERUGGI

El nuevo folclore de cámara de Lisandro Baum


Poder dejar hoy una huella estética nítida y reconocible en el vasto y creativo panorama de la escena musical argentina no le es dado a cualquiera. En el vivero de talentos y propuestas surgidos de los mundos tangueros, jazzeros y folclóricos actuales, la voz del Quinteto Bataraz - hija de esa triple confluencia- resuena con una serena autoridad.


Adueñándose desde la perspectiva folclórica del mítico formato de quinteto de tango (ennoblecido por Astor Piazzolla, Horacio Salgán y mas recientemente Diego Schissi) el  Quinteto Bataraz nos enriquece con su folclore de cámara moderno, asentado y erudito, confirmando las esperanzas que nos había despertado su primer disco epónimo en el 2014.


“Fiero” es –a pesar de su título- un mundo sonoro elegante y fluido, de labradas rítmicas y pulidas melodías modernizadas por refinadas orquestaciones que consiguen un sorprendente equilibrio con su centro de gravedad decididamente folclórico.


Tres zambas, dos chacareras (o casi), un gato, un chaya y un tango.
Cinco arreglos de temas de músicos emblemáticos del folclore (Raúl Carnota, Hilda Herrera, Eduardo "Negrín" Andrade) y tres contrastadas composiciones de Lisandro Baum, donde aparecen bajo múltiples perspectivas las reflexiones y los ejes principales de la búsqueda continua del Quinteto Bataraz.

Un reencuentro asumido con la Melodía –a veces amplia y otras minuciosa- que contrasta con una tendencia actual de renovación del género popular con un uso sistemático de células de desarrollo como materia compositiva principal.

Una orquestación precisa y eficaz que resalta dichas melodías fundiendo timbres  y armonizaciones, buscando colores propios y elegancia temática, creando mucha claridad y una firma única.

Un lenguaje rítmico eficaz y orgánico, hecho de tejidos sutiles donde el rol de los bajos y los rasgueos resaltan las acentuaciones características sin caer nunca en innecesarios y pesados ostinatos, consiguiendo así una delicada densidad.
Un trabajo cuidado sobre la articulación temática  folclórica y una acentuación potente sin ser omnipotente o pesada. El tema “Batango” destaca en este aspecto instalando un lenguaje tanguero preciso sin ser sobreactuado.

Una influencia del jazz en ciertas elecciones armónicas (como en la composición en “No Da”) y en el las presentaciones de carácter improvisado de algunos solos (como los de guitarra y violín en “Chaya Embrujada”) que le dejan una patina moderna a la sonoridad del ensamble.

Una gestión sutil del espacio con amplias y elegantes líneas, una respiración que atraviesa todo el repertorio dándole una profundidad característica, pintándonos mesetas y horizontes íntimos y vastos a la vez.Un fino control de los matices –sea en la articulación temática o en los largos crescendo- y una sensación de comodidad de interpretación general muy agradable.

Una búsqueda formal que a veces intenta estirar y amplificar la forma corta mediante diálogos con aires de improvisaciones o largas y evolutivas progresiones con narraciones profundas de instrumentos solistas.

Diálogos quizás borgianos con los compositores que pueblan su imaginario (Variaciones Goldberg de Bach en “No Da”, Cuadros de una exposición de Mussorgsky en “Batango”, reminiscencias de Ravel en los paralelismos armónicos típicos de la escritura del Quinteto como en la “Zamba del Fiero”).


Quiero destacar además de esta breve descripción de las múltiples riquezas del disco el trabajo de los interpretes del quinteto -Sebastián Henríquez en guitarra, Matías Gobbo en bandoneón, Carolina Cajal en contrabajo, Pablo Farhat en violín y Lisandro Baum en piano- que consiguen una cohesión y una pasta instrumental sorprendente sin la cual ninguna música elaborada nacida de la energía popular -por mas bien escrita que sea – logra jamás despegar.


Para cambiar una música hay que conocerla muy bien.
Para crear un universo tan finamente balanceado entre energía popular y escritura de tradición clásica se necesitan no solo las evidentes cualidades de arreglador y compositor de Lisandro Baum pero sobre todo una profunda capacidad de reflexión indispensable en este momento de sana regeneración y sincretismo musical: la inteligencia se escucha.


Los ingredientes para la buena música son en teoría sencillos pero pocas veces se reúnen con tanta evidencia: un gran creador y un grupo que cree en su propuesta y la defiende contra viento y marea.
Poca gente mide tal vez el descomunal esfuerzo colectivo necesario para que conjuntos auténticos y personales como éste puedan sobrevivir defendiendo una lógica de autoproducción frente a una industria musical dictada por ganancia y algoritmos. Y si bien descreo de los premios musicales en general debo decir que me alegré hace unas semanas cuando el quinteto Bataraz fue nominado al Grammy del mejor arreglo por el tema “Batango” de este mismo disco.

Sin querer pensé en David contra Goliath, pensé en la densidad musical del proyectil de la honda, pensé que Fiero al final sí era fiero y que así, casi sin mostrar los dientes, llegaría lejos.

LINKS:
https://www.youtube.com/watch?v=TjEdkHIYzD0
https://open.spotify.com/album/2jpS9pWiKQVpUQDrbIbPku
http://quintetobataraz.com.ar

LINKS LEONARDO TERUGGI:
http://www.leonardoteruggi.com
https://www.youtube.com/watch?v=iHqXZQ35BAA&feature=youtu.be

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